Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois". Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône

"C'était le bon temps autrefois à la ferme?" - Pas sûr du tout! a répondu Jean Louis Clade.

Jean Louis Clade est un haut saônois d'origine qui a vécu à la ferme  pendant son enfance. Ses études universitaires l'ont conduit à se pencher sur le monde paysan durant la période des années cinquante à soixante dix. La nostalgie de l'enfance est certes présente dans son propos mais il analyse avec lucidité l'évolution du monde agricole jusqu'à la rupture engendrée par le  machinisme qui a complètement changé les pratiques culturales et, bien au delà, les relations dans les familles et les villages.

En 1950 on dénombrait en France 2400 000 chevaux dont le nombre a régressé jusqu'à chuter à 417 000 en 1974.
A la même période il y avait 137 000 tracteurs. Il étaient  1 300 000 en 1973!
L'agriculture française était en retard par rapport aux grands pays européens. Le plan Marshall apportera non seulement les tracteurs, mais les machines agricoles. Là où il fallait des dizaines de bras pour faucher, semer, récolter il suffisait de quelques personnes pour faire un travail bien plus rapide qu'auparavant.

Deux époques se télescopent sur cette photo de famille du conférencier: celle du cheval et celle du tracteur!

 

L'apparition des engrais chimiques et des semences sélectionnées conduisent à l'augmentation des rendements. Les bâtiments de ferme traditionnels se transforment: il faut remiser des machines de plus en plus nombreuses, le tracteur qui remplace les chevaux donne la possibilité d'élever une ou deux vaches supplémentaires à l'étable, à la place des chevaux...
On a besoin de plus en plus de surfaces pour rentabiliser le matériel agricole. Les paysans qui ne peuvent pas suivre sont contraints à vendre leurs terres à d'autres plus fortunés. Entre 1970 et 1980 deux ou trois exploitations disparaissent chaque jour!
L'assolement triennal qui fait mettre en jachère une partie des terres et remplacé par la mise en culture de plantes fourragères.
Le remembrement, suite à la loi d'orientation agricole d'Edgar Pisani de 1960, va être long et difficile. De plus en 1975 des études d'impact sur l'environnement seront nécessaires.

Avant et après.

"On ne dépense pas ce qu'on n'a pas gagné"
Cette maxime paysanne qui avait prévalu jusque là ne peut plus être reprise par les jeunes qui s'installent: pour cultiver de plus grandes exploitations il est nécessaire d'investir dans de nouvelles machines et donc d'avoir recours à des prêts!
Autrefois on était plus riche de terres que d'argent. Aujourd'hui l'argent devient un moyen indispensable, l'épargne familiale ne suffit plus. Le Crédit Agricole permettra de faire des emprunts garantis par les biens et les revenus de l'exploitation. C'est une perte d'indépendance.
Un mode de vie transformé
Le confort entre à la ferme, comme partout la cuisinière à gaz, la machine à laver, la télévision font leur entrée à la ferme.
Les écoles d'agriculture transmettent des notions différentes de celles du père qu'il tenait déjà de son père...
La femme est la dernière couchée et la première levée. Elle doit assumer une lourde charge avec les travaux de la ferme, ceux de la maison et l'éducation des enfants quand elle ne s'occupe pas des comptes!  Les filles préfèrent épouser des ouvriers plutôt que des paysans.
La vie des villages, dans lesquels prévalait l'entraide entre agriculteurs tout au long de l'année, change. L'exode rural conduit à une diminution drastique du nombre des exploitants agricoles. Seuls les fêtes patronales, survivance des fêtes religieuses et leurs bals permettent aux jeunes campagnards de se rencontrer.

Alors, le bon vieux temps où est il vraiment?

 

Merci à Jean Louis Clade pour son exposé plein de sensibilité qui a fait revivre à certains spectateurs les temps, pas si lointains, où ils étaient eux aussi au contact de la terre!

Patrick Mathie 16 avril 2024

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Cet article, bien que court en dit long! J'ai beaucoup aimé le lire et surtout ce qui est dit sur la femme dans les fermes. J'ai reconnu ce que j'ai vécu (née en 1950) dans une ferme de Haute-Saöne. Extrêmement intéressant. Est-ce que Jean-Louis Clade a des publications qu'on peut trouver sur la toile? Merci du partage.
Répondre
P
Le compte rendu n'est qu'un résumé de la conférence... Jean Louis Clade a écrit beaucoup de livres et d'almanachs que l'on peut se procurer sur internet: jeanlouis- clade.com CDLT