EN 1794, PUSEY A HEBERGE LE REVOLUTIONNAIRE AUGUSTIN DE ROBESPIERRE.

Mais que diable le cadet des Robespierre venait il faire dans ces contrées bien éloignées de Paris et du tumulte révolutionnaire ?

C'est un arrêté du Comité de Salut Public du 6 pluviose An II qui l'envoie en Haute Saône dans le Doubs et le Jura où Bernard de Saintes, membre du "comité de sûreté générale" fait traduire en nombre des aristocrates, devant les tribunaux révolutionnaires.

Augustin Robespierre dit Robespierre le jeune.

Pendant les cinq semaines de sa présence en Haute Saône ( 25 janvier-15 février 1794) "il fera libérer tous les prisonniers, hommes et femmes, détenus comme ennemis de la République, à Vesoul, Gray, Menoux, Faverney, dont un grand nombre avait été interné pour leurs opinions religieuses. Son action est critiquée par Bernard de Saintes au Comité de salut public ou directement auprès de son frère Maximilien. Il justifie ainsi sa conduite:

"On en peut, on ne doit plus révolutionner un pays déjà révolutionné...j'ai rencontré des milliers d'intrigants qui répètent ton nom (Maximilien) avec emphase... les sots se laissent attraper par ses imposteurs qui se glissent dans toutes les administrations, dans tous les comités; guerre aux fripons, mon cher ami, guerre aux fripons!"

Bernard se Saintes

Ceci semble indiquer que la révolution s'était bien installée en Haute Saône! , avec tous ses excès!

Vesoul en 1787. ADHS

Augustin de Robespierre se rend ensuite à Nice.

Les condamnations à mort prononcées sous le proconsulat de Robespierre Jeune s'élèveront à 0 en Haute Saône et 7 dans les alpes Maritimes.

Un auteur contemporain intitulera son livre "Bonbon Robespierre, la terreur à visage humain".

Lettre du citoyen Sollier de Vesoul adressée au citoyen Ministre suite à sa libération par Augustin sous l'influence de Jeanne Rosalie. Ajout manuscrit et paraphe de Robespierre Jeune.

Cette "terreur humaine" doit sans doute son origine dans le caractère du plus jeune des Robespierre mais aussi dans l'influence d'une femme: la citoyenne La Saudraye ( la particule a été supprimée) dont il était l'amant.

Hotel de Thomassin Vesoul. XVeme siècle

Pour "la galerie" il aurait résidé à l'hôtel de Thomassin pendant son séjour vésulien, mais en fait il rejoignait sa maîtresse à Pusey  au domaine de la Montoillotte où elle résidait.

Vesoul et ses environs. ( Pusey à l'ouest) Carte de Cassini de Thury vers 1760. ADHS

Pusey. Domaine de la Montoillotte à Pusey appartenant aux soeurs de Montigny et occupé un temps par la citoyenne La Saudraye. Cadastre napoléonien de 1809. ADHS

Que deviendra Augustin Robespierre?

Le 9 thermidor An II, la Convention demande un décret d'arrestation de Maximilien de Robespierre. Augustin demande à lier son sort à celui de  son frère. Arrêté il est emprisonné à la prison de la Force il est libéré par la Commune insurrectionnelle et se réfugie à l'Hôtel de ville. En passe d'être à nouveau arrêté il se jette par une fenêtre mais ne décède pas. Le 10 thermidor le tribunal révolutionnaire le condamne à mort. Il est guillotiné avec son frère Maximilien, Saint just, Hanriot, Couthon sur la place de la Révolution (place de la Concorde).

Exécution des frères Robespierre. Augustin sera le deuxième exécuté ( n°8) après Couthon. Le numéro 10 est Maximilien. Lebas, référencé n°5 s'est "brûlé la cervelle" avec une arme qu'il avait cachée sur lui

Qui était la Ctoyenne La Saudraye?

Dans un document généalogique elle est recensée sous le nom de jeune fille de Jeanne Rosalie Guillaudon du Tillet, née en 1759 à Lyon où son grand père était "voiturier sur le Rhône".

En 1789 l'abbaye des Dames Nobles de Montigny les Vesoul comptait 18 maisons capitulaires et une quarantaine de religieuses. Leurs biens, dont le domaine de la Montoillote , furent vendus comme biens nationaux. La citoyenne la Saudraye qui vivait ordinairement à Paris avait peut être acquis le domaine en qualité de "prête nom" d'Augustin Robespierre, car elle était décrite (Généanet) comme une aventurière qui achetait des biens au nom de révolutionnaires et qui intriguait . Son influence auprès d'Augustin aura sauvé de nombreuses vies saônoises!

Les corps et les têtes des suppliciés furent jeté dans une fosse commune et recouverts de chaux. Lors de la démolition du cimetières les ossements furent déposés aux catacombes.

Charles Lohier de la Saudraye

Il avait épousé Jeanne Rosalie le 18 septembre 1786 à la Paroisse Saint Médard de Paris.

Mariage, paroisse de Saint Medard

Quartier et église Saint  Médard. Paris

Charles Joseph, botaniste, avait des plantations à Saint Domingue et exerçait les fonctions de conseiller assesseur au conseil supérieur du Cap français.

Plan de Cap Français dans le Nord de Saint Domingue

Plantation sucrière à Saint Domingue

La main d'oeuvre dans les plantations et les sucreries était en grande partie fournie par des esclaves achetés en Afrique noire, transportés par bateau et revendu dans les ports.

Carnet de bord du navire "La Seine" venant de Honfleur et arrivant à Saint Domingueen 1789 avec une "cargaison" de 350 esclaves africains. La liste des acheteurs (planteurs) est établie avec le nombre d'esclaves correspondants et le montant de la vente.

Détail montrant une partie de la liste des 45 acheteurs et de la répartition entre "nègres, négresses, négrillons et négrillonnes".

Le bateau chargeait ses cales de produits tropicaux et de rhum pour retourner à son port d'attache où le capitaine vendrait la cargaison. C'était "le trafic triangulaire".

Août 1791 révolte des esclaves de Saint Domingue

Lors de la révolte des esclaves,Claude Joseph perdra toutes ses plantations et décédera la même année en laissant à son épouse sa bibliothèque et sa succession.

Auparavant il avait accompagné et soutenu une botaniste amateure mais d'un haut niveau: Elisabeth Julienne Dugage Pommereul dont il vantait les mérites auprès du célèbre Linné fils.

Elisabeth Julienne Dugage-Pommereul

NB : sur d'autres documents le décès est indiqué en 1791

Ref: Académia.Edu

"Pommereulia cornucopiae": une graminée porte son nom.

Elle décédera en 1782 à Forcalquier après s'être rendue à Hyères avec Claude Joseph pour prendre soin de sa santé défaillante.

Jeanne Rosalie Guillaudon de Tillet, quant à elle décédera à Paris en 1838.

Elle sera enterrée au cimetière du Montparnasse. Sur l'acte d'inhumation figure une mention: exhumée le 6 août...on ne connait pas la raison de cet acte. Peut être qu'ayant été déposée dans une "fosse": la fosse 90, quelqu'un aura voulu lui donner une sépulture plus digne? Ce qui pourrait indiquer qu'elle était morte dans un certain dénuement...

Prochains articles consacrés à Pusey:

- Marchands de chevaux et cartes postales anciennes

-Gustave Courtois artiste peintre.

Patrick MATHIE  29 MARS 2024