En 1962 les derniers hôtes paisibles du cimetière de Ray ont dû déménager!

15.11.2023

Le cimetière de Ray se trouvait autrefois dans un enclos près de l'église. La municipalité rayloise , en 1911 a dû préparer son transfert. Le terrain retenu se situait non loin de la chapelle privée Sainte Anne, à l'angle des routes conduisant l'un à Ferrière et l'autre à Theuley. Cet emplacement triangulaire était planté de vignes (Vignes de la Cour) et, dans les temps plus anciens, lieu de résidence de gallo-romains dont la présence était attestée par de nombreux tuileaux de l'époque romaine. Un maison qui occupait les lieux fut détruite.

Note du Patrimoine de Bourgogne Franche Comté:

"Le 23 septembre 1910, le cimetière exigu encerclant l’église de Ray-sur-Saône est désaffecté par un arrêté préfectoral car présentant « un danger réel et permanent pour la santé publique ». Les communes de la paroisse - Ray-sur-Saône, Recologne-lès-Ray et Ferrières-lès Ray - sont alors chargées de proposer à la préfecture un nouvel emplacement d’ici six mois. Elles ont des difficultés à trouver un terrain d’entente, aussi bien sur le financement que sur le choix du terrain, aussi la réalisation du projet est-elle repoussée à 1912. Un premier devis et un plan sont toutefois dressés en mai 1911, sur la demande de la commune de Ray, par l’architecte Louis Colard, résidant à Gray. Le site choisi est le terrain situé à l’arrière de la chapelle Sainte-Anne, bordé d’un côté par la rue de Tincey et de l’autre côté par le chemin de Ferrières ; il est occupé par une maison dont la démolition est programmée. La réalisation de portes en ferronnerie, par la maison Guillot-Pelletier, est prévue pour orner la porte cochère, d’aspect monumental, donnant sur la route de Lavoncourt (nous ignorons si elles ont été exécutées ; toujours est-il que c’est un autre modèle qui existe aujourd’hui). Le maire de Ray-sur-Saône Eugène Jardel et son conseil municipal approuvent ce plan et le devis d'un montant de 9 000 francs. Les travaux sont adjugés le 4 octobre 1911 à Albert Jardel, fils d’Eugène, entrepreneur à Ray, le délai de réalisation étant fixé au 25 avril 1912. Un devis supplémentaire du 3 janvier 1912 augmente les frais de 3 600 francs. La réception provisoire a lieu le 20 septembre 1912. La croix érigée au centre du cimetière et portant cette date a été remplacée en 1921 par le monument aux morts. Selon la tradition orale, elle est restée dans un coin du cimetière jusqu’en 1960, lorsque le duc de Marmier la fait déplacer à son emplacement actuel, au croisement de la route du château avec celle de Lavoncourt" .

L'ancienne croix du nouveau cimetière route de Lavoncourt. Patrimoine BFC

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Plan établi pour la construction du lavoir, présentant l'emplacement de l'église, du presbytère et du cimetière

Le nouveau cimetière

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Plan du nouveau cimetière

Coupe du terrain en 1911. AD.70

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Plan de la grille

Les ferronneries réalisées sont différentes. Patrimoine BFC

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La croix initiale a été remplacée par le monument aux morts en 1921. Elle a été placée, par le duc de Marmier, à l'angle du chemin du château et de la route conduisant à Theuley.

En 1962 on fait "place nette" autour de l'église! C'est le début du réaménagement de la place de l'église.

Bruno Merli dont la famille habitait à l'angle de la rue de l'église a conservé deux photos des travaux et a bien voulu, en son temps, ajouter un commentaire. Je l'en remercie.

ANCIEN CIMETIERE DE RAY TRAVAUX DE JUILLET 1962 Texte de Bruno MERLI

"Bonsoir Patrick

Deux photos retrouvées au hasard comme d'habitude dans mon fouillis papiers enveloppes . Je fais du rangement ...

Datée au dos pour la première ( celle de derrière l'église 20 juillet 1962, la seconde le 19 juillet 1962)

Comme vous le constatez c'est le chantier, rasibus l'ancien cimetière !

Pas grand chose à dire, sinon que je les trouve sympas et vivantes .

Quelques indications tout de même pour vous:

Perso j 'avais donc deux ans .

Pour situer .

La première

De dos gauche à droite

Je pense même presque certain, mon cousin Philippe, l'ainé de nôtre génération . Georges Trullard, dit gros Jo, un personnage très gentil, toujours une blague au coin des lèvres, bon vivant, conforme en fait à sa bonhomie .

Il travaillait comme menuisier chez Girardot ou il logeait aussi là où habite la famille anglaise .

Il a comme demi soeur Colette je crois (?) la dame mariée à feu un allemand qui habite la maison (anciennement Raynald Depierre) sur la petite route qui va à la Saône en face de chez Guillaume Ghesquier. Une dame très gentille et très serviable .

A la droite de gros Jo, mon tendre et cher papa . Facile à reconnaître par sa taille.

La dame je pense qu'il s'agit de Françoise Girardot .

Le petit bout à sa gauche Anne sa fille . Elle aussi né en 60 . Nous sommes les deux seuls du village nés cette année la .

La jolie brune de dos ma chère et tendre soeur, et dans son short, certainement moi .

Deuxième photo .

En premier plan, je pense Pierre Mey, qui habitait la maison en face du magasin.

Monsieur Merli devant son magasin

J'aimais bien cet homme qui m emmenait à la pêche et parfois sur sa moto autour de l'église et pleins d'autres souvenirs

L homme au béret ??

Au fond . Christiane ma tante, avec, vu que c est une robe identique : Françoise Girardot et Anne .

Vous pouvez constater aussi le lavoir avec les ouvertures bouchées pour la raison que je vous ai déjà dite*.

* "On dit...? Le maire, le duc de Marmier (de mémoire le père de Gabrielle) à la sortie d'un office, a vu les pauvres lavandières au froid, en plein courant d'air . Il a décidé, donc, pour les conforter ,de murer les arches pour pallier à ceci! On nous racontait aussi qu'il ne voulait plus voir les jupes robes voler et voir ainsi le dessous de ces dames !" NDLR: peut être que le curé n'était pas étranger à cette décision?

Aussi au loin (rire) une vache :

Il devait être vers 17h . C est le troupeau de M. Munier qui remonte pour la traite.

La maison de sa fille Colette Fuin aujourd'hui .

Une des plus belle de Ray sans nul doute .

Le troupeau de chez Munier avait la particularité d'être accompagné du son des clarines suspendues au cou de deux trois vaches .

En complément: carte postale. Troupeau à l'entrée sud du village. Cpsm Cim

C’était bien ... souvenirs, souvenirs !

La 2 chv était sans nul doute celle de ma grand tante Marguerite, soeur de ma grand mère, qui habitait Dijon, et se trouvait là en visite .

La 2chv était sa voiture, jusqu'à l'Ami 8.

Pour les garçons qui s'amusent, peut être les aînés de Pierre Mey (?) Robert et Dédé (?) Mais peut être aussi Mimi le dernier (Bernard) ??

Je ne sais pas .

Voilà !"

Bruno Merli

Grâce à Bruno c'est un peu du passé de Ray qui ressuscite! Peut être des lecteurs auront ils des compléments d'information?

Quelques tombes du Cimetière actuel:

Tombe Bozzolo. Patrimoine BFC

Né le 21 décembre 1920 à Ray-sur-Saône (Haute-Saône), fusillé le 6 avril 1944 à Frotey-les-Vesoul (Haute-Saône) ; conducteur de véhicules ; résistant au sein des FTPF.

"Engagé dans la Marine, libéré après le sabordage de la flotte à Toulon (Var) en 1942, Georges Bozzolo entra au Bureau des opérations aériennes (BOA). Il était célibataire.
Arrêté le 18 janvier 1944 pour « actes de franc-tireur », emprisonné à Vesoul, il fut condamné à mort le 24 mars 1944 par le tribunal militaire allemand de Vesoul (FK 661) et fusillé le 6 avril 1944 à La Combe Freuteuille.
Il est inhumé au cimetière communal, à Ray-sur-Saône (Haute-Saône).
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué aux Forces françaises combattantes (FFC) réseau Action D.
Son nom figure sur le monument de la Libération, à Besançon (Doubs), sur la stèle commémorative de la Combe de Freuteuille à Frotey-les-Vesoul, sur les monuments aux morts, à Lavoncourt et Ray-sur-Saône, sur la plaque commémorative dans l’église, à Ray-sur-Saône et sur le Mémorial de la résistance, à Vesoul (Haute-Saône)". ref:https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article158875

Tombe d'Eugène Jardel 1876-1931. Patrimoine BFC

"Dit "Pépère", a commencé peintre puis petit à petit il a fait du commerce de pommes de terre, puis construit la maison de Marie-Rose. Il a repris le fond de commerce de chez Charpiot (chez Guardot)
Ils ont habité la dernière des 3 maisons et a "commercé" le commerce puis en face (à la maison de grand-mère)
en 1877, soldat au 21ième de ligne, en garnison à Langres". Ref: Geneanet

Tombe de Maurice LECRIVAIN 1886-1919 P.M.

Mécanicien ajusteur, né en 1886 décédé en 1919 à Villers Cotterets dans l'Aisne. "Mort pour la France".

La théosophie appelle de ses vœux l’avènement d’une religion mondiale capable d’unifier l’humanité en une fraternité universelle.

La théosophie, qui se concevait comme une religion englobant toutes les religions, fut créée en 1875 à New York, puis transférée en Inde en 1900. Son influence a été considérable sur les milieux cultivés autour de 1900-1920. Elle avait des adeptes partout dans le monde au début du XXe siècle, parmi lesquels Jacques-Emile Blanche, Jean Cocteau, Vassili Kandinsky ou encore Boy Capel, amant de Coco Chanel. Son principal représentant spirituel, Jiddu Krishnamurti, s'est progressivement transformé en emblème du développement personnel, jusqu'à devenir une icône des campus américains après la Seconde Guerre mondiale.

Tombe du sergent PILLOT. P.M

Tombe de Georges CANAQUE P.M.

Paul FAVRAY fondateur de la société d'encouragement au Bien

Médaille d'or de la S E A B

Fondée en 1862 par Honoré Arnoul, elle avait son bureau au 8 bis, rue Jadin, Paris XVII^e.
La S.E.A.B est une association reconnue d'utilité publique couronnée par l'Académie Française. Elle a pour but de distinguer toutes formes de courage et de dévouement envers la société, par des distinctions et médailles remises à la suite de témoignages avérés.

P.M.

Tombe de Marie Xenaïs Coetnempren de Kersaint 1882-1959 P.M.

Duchesse de Marmier

Docteur es Lettres

Marie Xénaïs était l'épouse du quatrième et dernier duc de Marmier, Etienne Jean François, décédé en 1947. Le mariage avait eu lieu à Paris en 1902. Le couple a eu pour fille Gabrielle de Marmier qui épousa le Comte de Salverte et qui devint maire de Ray.

Blason Coetnempren de Kersaint

Blason des De Marmier. Banc, église de Ray. P.M.

Cette dame, décédée en 1959 a deux lieux de sépulture: La tombe au cimetière de Ray et la tombe familiale des De Marmier dans le parc du château, sur laquelle figure son nom. Le "partage des corps" en usage chez les rois de France n'étant plus en vigueur depuis longtemps on ne saurait dire exactement où elle repose et donc quelle tombe est un cénotaphe.

Tombe familiale De Marmier. Parc du château de Ray. Patrimoine BFC

Tombe d'Ettore Bellini (1876-1943), de son épouse Marthe née Favray et de leur fils Marcel.

Ettore Bellini, Physicien, inventeur du radiogoniomètre "ancêtre du GPS".

Antennes de la station de Boulogne permettant de situer les bateaux en mer par triangulation de leurs émissions radio.

La maison "Bellini" qui appartenait à la famille Favray de Vanne. Rachetée par Monsieur et Madame Matthieu, elle est aujourd'hui propriété du Conseil Départemental. P.M.

Le monument aux morts, comme le cimetière, a été érigé pour les trois villages de Ferrières les Ray, Recologne les Ray et Ray sur Saône. La croix qui figure au sommet de l'obélisque a été remplacée par une urne. P.M.

Patrick Mathie.16 novembre 2023