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Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois". Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône

ENIGME: Quel lien existe-t-il entre Claude Antoine Colombot, Besançon , Valay, Montigny les Vesoul et Honoré de Balzac?

L'annulation de la conférence consacrée à l'architecte Colombot  le 18 septembre à Ray pour des raisons de risque sanitaire n'est pas rédhibitoire : Pascal Brunet, historien de l'architecture nous a indiqué qu'il serait disponible pour la prononcer ultérieurement. Peut être faudra-t-il se montrer patient et attendre le contrôle et l'arrêt de la pandémie?!
 Les Amis de nos Vieux Villages haut saônois le remercient pour sa compréhension et sa disponibilité.
Le présent article ne saurait d'aucune manière remplacer la conférence, mais il se veut être un parcours "énigmatique" dont le point de départ serait l'architecte et qui nous donne un éclairage particulier sur un petit morceau de l'histoire comtoise.

La recherche et la découverte de liens proposée au lecteur renvoie à la démarche de l'historien amateur ( Evelyne Joly dirait " le curieux d'histoire locale") qui, dans le cadre de sa recherche documentaire, tire de l'écheveau des documents des fils successifs  qu'il va relier entre eux pour réaliser la trame de son récit...

Partons de Claude Antoine Colombot (1747-1821):

On sait qu'il est architecte et qu'il a participé à la reconstruction du château de Ray sur Saône.Son père Jean Charles Colombot, architecte lui aussi, envoya son fils à Paris pour suivre l'enseignement de Desprez. Il en revint avec de solides connaissances qui lui permirent de devenir l'un des meilleurs architectes  bisontins de la fin du XVIIIeme siècle.

Louis Jean Desprez

né à Auxerre en 1743, décédé à Stockholm en 1804

Claude Antoine Colombot oeuvra en particulier comme architecte et architecte décorateur dans des hôtels particuliers de Besançon.

Christiane Roussel, conservatrice du Patrimoine, dans son article "Entre tradition et modernité: les hôtels à Besançon de 1730 à 1750" , nous donne,dans in Situ, une explication sur la prolifération des hôtels particuliers bisontins qui s'est poursuivie à la fin du 18eme siècle, période où se révélait le talent de Claude Antoine:

"Après le rattachement de la Franche-Comté à la France par le traité de Nimègue en 1678, et le choix de Besançon comme capitale de la province en 1681, le destin de la ville changea radicalement. De nombreux Comtois vinrent occuper les rangs du parlement déplacé de Dole, l’ancienne capitale, à Besançon ; et de hauts fonctionnaires, souvent parisiens, s’y installèrent aussi, soit à demeure, soit temporairement. La juxtaposition de ces deux sphères sans unité de goût se lit encore dans les pierres de la ville. A partir d’un corpus d’une trentaine d’hôtels bâtis entre 1730 et 1750, moment où l’élite eut enfin envie de se fixer à Besançon, on observe la diffusion de deux modèles : l’un ancré dans la tradition locale, l’hôtel sur rue, bâti pour une clientèle de parlementaires comtois et par des architectes bisontins ; l’autre solution, l’hôtel entre cour et jardin dit aussi « hôtel à la parisienne » étant le fruit d’une importation due à de grands personnages étrangers à la province, lesquels firent aussi appel à des architectes hors de la sphère locale. Durant vingt ans, nous assistons ainsi à l’acculturation des modes parisiennes dans un milieu où les derniers raffinements de l’art de vivre à la française avaient encore très peu pénétré, qu’il s’agisse d’architecture, de décor ou de confort".

Parmi les réalisations de Colombot à Besançon : L'hôtel de La Vernette réalisé pour  Monsieur de Lavernette Saint Maurice:

 

Plan de façade hôtel de Lavernette, par Colombot. Patrimoine BFC.

 

Hotel de Lavernette, vestibule. Patrimoine BFC.

Au début de la révolution française, Colombot échange des courriers avec le propriétaire Bernard de Lavernette pour le tenir informé de l'évolution des travaux de son hôtel particulier de Besançon en cette période troublée. Le frère de Bernard de Lavernette  évoque non seulement les soucis de construction mais l'ambiance régnant en Haute Saône sous la Terreur:

Document  Persée.fr. H.Lerch

Le bisontin avait aussi des talents d'architecte d'intérieur:

Projet d'alcôve.

Projet d'habillage de cheminée.

Projets de deux consoles pour l'Hôtel Chappuis de Rosières. Besançon.

Attardons nous sur un hôtel particulier, très particulier... puisque s'y trouve, depuis 170 ans, le siège de la Banque de France:

l'Hôtel particulier Petremand de Valay.

Il pourrait bien constituer le lien avec... la Haute Saône!

L'actuelle  Banque de France, ancien Hôtel Petremand de Valay, au centre de la photo aérienne avec , à l'avant, son accès sur la rue et , à l'arrière sa pelouse arborée.

 

Façade de l'hôtel Petremand de Valay à Besançon. Patrimoine BFC.

C'est en 1774 que deux soeurs Marie Charlotte et Thérèse Désirée Petremand de Valay de Sainte Cécile firent l'acquisition d'une parcelle de terrain auprès des bénédictins de l'abbaye Saint Vincent de Besançon pour y construire leur hôtel particulier. Elles en confièrent les plans la réalisation et les agencements intérieurs à Claude Antoine Colombot.

Le plan du cadastre actuel, relevé par la ville de Besançon, montre un bâtiment en U comportant le logis principal et des communs ouvrant sur une cour avec un accès sur la rue de la Préfecture. A l'arrière, un vaste parc. On retrouve ici un plan dit "à la parisienne" faisant écho à l'implantation des hôtels particuliers de Paris après 1750.

 

 

Panneau décoratif de l'Hôtel Petremand de Valay. Patrimoine BFC.

 

Détail de la façade principale" à l'antique". Patrimoine BFC

 

Lambris du salon. Patrimoine BFC.

 

Console et miroir du salon du rez de chaussée. Patrimoine BFC

Qui étaient les deux soeurs Pétremand de Valay?

Thérèse Désirée ( décédée en 1788) et Marie Charlotte ( 1728-1815) descendent d'une famille dont les ascendants étaient seigneurs de Valay et autres lieux. Elles furent toutes deux chanoinesses de l'abbaye des Nobles Dames de Montigny les Vesoul.

Si l'on remonte leur arbre généalogique côté paternel on trouve

Claude François ( 1687-1771), leur père Seigneur de Valay, Cugney, Amondans  et Saint Ylie, Chevalier de Saint Louis et capitaine au régiment de cuirassiers du Roi.

Charles François ( 1618 à Dôle-1715) leur grand père, Conseiller à la chambre des comptes.

Charles (1627-1662) seigneur de Valay et Amondans, Conseiller aux états de Bourgogne.

Jean Claude (...-1664)  Co-gouverneur de Besançon .

Charles Thomas (...-1619) Co-gouverneur de Besançon de 1584 à 1617.

Pierre (...-1587)  maître des requêtes de Charles Quint et co-gouverneur de Besançon.

Jean  annobli par lettre patente de Charles Quint. Ambassadeur de Besançon auprès de Charles Quint.

ref: Geneanet.

Charles V de Habsbourg dit Charles Quint

1500-1558

Empereur du Saint Empire

Roi des Espagnes

Roi de Naples de Sicile et de Jérusalem

Duc de Bourgogne.

Elles étaient issues d'une famille noble et possédaient 8 quartiers de noblesse depuis le XVIeme siècle.

Valay, le château vieux et le château neuf. Cadastre napoléonien. Archives dep. Haute Saône.

Le château ( neuf )de Valay, devenu mairie -école. CPA 1905

"Dès 1145 les sires de Beaujeu et de Pesmes ont donné des biens, situés au finage de Valay, à l'abbaye de Corneux dès sa fondation. Le château qui appartenait aux moines de Corneux, fut cédé à la reine Jeanne de Bourgogne, pendant un de ses séjours à Gray en décembre 1324. La terre de Valay appartenait aux Mairot, famille de Magistrats, et devint la propriété des Petremand au XVIIe siècle, par le mariage de Jean Petremand, conseiller au parlement, et Etiennette Mairot. La demeure seigneuriale des Petremand de Valay, du XVIIIe siècle, abrite les écoles et l'hôtel de ville".

ref: http://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu

 

Les chanoinesses de l'Abbaye des nobles Dames de Montigny les Vesoul.

 

L'abbaye de femmes de Montigny a été créée en 1269 par Héloïse de Joinville, dame de Faucogney,

femme  de Jean de Joinville, biographe de Saint Louis.

 

L'abbaye des Dames nobles est finalement fondée en 1286 au lieu-dit « champ de Blacon » et dotée de biens et dîmes à Montigny, Chariez, Montsote et à la Grange-du-Bois.

 

L'abbaye des chanoinesses se situe dans la partie haute du plan, à gauche de la rue principale.

Montigny les Vesoul. Cadastre napoléonien. Archives dep. Haute Saône

Pour devenir chanoinesse et mener une vie abbatiale "très améliorée!" il fallait être riche et posséder des quartiers de noblesse ( les soeurs Pétremand étaient bien pourvues!). Au début, le chapitre des soeurs Clarisses (ordre d'appartenance des nobles Dames) se dénommait chapitre des pauvres Dames! Quelle évolution sémantique! Il est vrai que la vie monacale et que la vie religieuse "dans le siècle" étaient très différentes.

Dans un texte didactique Jul nous décrit la vie dans une communauté  des nobles Dames:

"Le matin peu avant six heures, les portes des maisons canoniales s’entrebâillaient : les Dames, décorées de leurs insignes sortaient de chez elles pour aller à l’église. Elles devaient assister à toutes les solennités marquant l’année (présentations, admissions, vêtures, mariages…). L’éducation de leurs jeunes parentes occupait leurs journées. Elles s’acquittaient volontiers de cette tâche, car les demoiselles égayaient leur solitude avec leur gaité. Les chanoinesses s’appliquaient à développer toutes les vertus de leurs nièces. Elles veillaient à leurs bonnes manières et les habituaient à la conversation.

Une Chanoinesse ayant de solides connaissances, de la rigueur et de patience était maîtresse de l’école des demoiselles. Toutes les Chanoinesses n’en étaient pas capables. Une autre Dame, donnait les leçons de chant, de harpe ou de clavecin, parfois même de comédie. La lecture était constamment encouragée pour leur édification...

Une abbesse des Nobles Dames à Bourbourg

...Leur ambition était d’en faire de bonnes chrétiennes, des femmes d’intérieur diligentes dans la tenue de leur ménage. Mais l’éducation qu’elles leur donnaient dépassait ces objectifs à cause de l’exemple qu’elles donnaient, ce qui faisait d’elles des épouses très recherchées. Grâce aux Rois, il n’était désormais plus nécessaire de prononcer des vœux. Les Gentilshommes désireux de marier leurs fils, ou se remarier eux-mêmes ne s’y trompaient pas : une épouse élevée à Bourbourg, Montigny ou Migette, était gage de vertu et d’un certain niveau culturel.

Les Dames s’absentaient volontiers, séjournaient chez des parents plusieurs semaines dans l’année et pouvaient même recevoir dans leurs maisons la visite les membres masculins de leur famille.

Leurs pères ainsi que leurs frères, particulièrement les Chanoines ou Religieux de divers Ordres et les Chevaliers de St-Jean ne se privaient pas de goûter à la douce et paisible atmosphère que les Dames insufflaient chez elles, empreinte de religion et agrémentée de leurs grâces et dons respectifs. La présence de leurs hôtes apportait un peu de nouveauté, et les Dames y voyaient l’occasion de se divertir. Elles organisaient ainsi à cette occasion des petits dîners auxquels elles conviaient « leurs voisines ». C’étaient leurs mondanités à elles. On jouait ensuite aux cartes et au trictrac ou bien on assistait à un concert ou une comédie donnée par les Demoiselles...

Reconstitution de la tenue des chanoinesses. (AIn)

...On peut aussi imaginer que les attentions que pouvait avoir un hôte vis-à-vis d’une Dame ou d’une Demoiselle ne passaient pas inaperçu, tant il suscitait d’espoir.

Pour protéger leur réputation et leur vertu, les Chanoinesses qui recevaient des visites masculines prenaient quelques précautions : être accompagnées d’une autre chanoinesse, se promener avec les Messieurs devant les fenêtres des autres Dames, dans la cour de l’Abbaye, précautions qui ne valaient pas avec leurs pères et frères...

La cour et les maisons canoniales de l'abbaye de Montigny les Vesoul. P.M

Apres des destructions successives dues aux guerres et aux exactions de bandes armées (ex:les écorcheurs), le quartier abbatial est reconstruit en 1769 sur les plans de Jean Charles Colombot, père de Claude Antoine.

Maisons canoniales mitoyennes. P.M

La porte d'entrée de la  maison de l'abbesse (à droite). P.M.

P.M.

La maison de l'abbesse, à droite, possède, à l'arrière, un grand jardin à la française visible sur le cadastre napoléonien. De nos jours les maisons sont occupées par des particuliers.

L'abbatiale avec son clocheton recréé récemment, en août 2020. P.M.

L'abbaye en 1900, côté rue. CPA.

 

Le retable de l'abbaye de Montigny les Vesoul oeuvre des Marca, famille de stucateurs. Patrimoine BFC.

...Le recrutement de ces établissements était très sélectif. Pour y être admises, les postulantes devaient faire leurs preuves. Comme elles étaient en général mineures, c’étaient à leurs parents qu’incombaient ce devoir. Il fallait justifier pour elles, avec un arbre généalogique armoirié, d’un nombre suffisant de quartiers de noblesse (3 quartiers pour Montigny) du côté paternel et/ou maternel. Mais on s’appuyait souvent sur des preuves présentées par une sœur déjà Chanoinesse, d’un frère Chanoine ou Chevalier de Malte. Une fois les preuves validées par l’Abbesse, les jeunes filles recevaient une expectance : elles étaient admises en tant que demoiselle ou « nièce », et attendaient qu’une prébende se libère avec le mariage ou au décès d’une chanoinesse reçue avant elles...

Ruban et Médaille portées par les Dames de Montigny les Vesoul

www.noblesseetroyautes.com

...Ainsi, chaque chanoinesse était propriétaire de son petit hôtel (qu’elle transmettrait ensuite à une nièce) comprenant en général une cuisine, une ou deux pièces de réception et plusieurs chambres à coucher, pour elle et ses nièces. A l’arrière, elles avaient chacune un jardin potager et un jardin fleuri pour leur agrément, avec une maisonnette pour s’abriter du soleil en été, qui étaient en quelques sortes leurs Petit Trianon à elles. Chacune était servie par ses domestiques mais au vu des petits revenus de certains chapitres, il est fort possible qu’elles assurèrent elles-mêmes maintes tâches domestiques..."

ref:http://www.noblesseetroyautes.com

L'hôtel particulier Petremand de Valay a donc été construit pour les soeurs Pétremand :c'est le lien avec deux villages de Haute Saône!

Mais que diable Balzac vient il faire " dans cette galère" ?!

 

Pour trouver le lien qui relie Balzac à Besançon et à l'hôtel Petremand de Valay il faut s'intéresser à un autre écrivain originaire de la ville et  beaucoup moins connu: Charles de Bernard.

 

Charles de Bernard

1804-1850

"Pierre-Marie-Charles de Bernard Du Grail de la Villette, dit Charles de Bernard, né à Besançon le  et mort à Sablonville (aujourd'hui Neuilly-sur-Seine) le , est un romancier et nouvelliste français. Ami de Balzac, il connut une grande popularité dans les années 1840.

 

"Issu d'une très ancienne famille du Vivarais, il fait ses études au collège de Besançon, puis à la faculté de droit de Dijon. Il rédige en 1830 une série d'articles légitimistes pour La Gazette de Franche-Comté. En 1831, il publie dans la Gazette une critique élogieuse de La Peau de chagrin, qui lui vaut une lettre de remerciements de son auteur. Sollicité par Balzac, Charles de Bernard se rend alors à Paris, où il fréquente le cénacle de Charles Nodier. En 1832, il publie un volume de poésies élégiaques, Plus deuil que joie, lequel ne rencontre aucun succès. Déçu, il se retire dans sa ville natale .

Balzac, qui lui rend visite en 1833, lui prodigue ses conseils et le persuade de retourner à Paris. Il se remet alors à écrire et fait paraître dans La Chronique de Paris plusieurs nouvelles, dont un premier recueil, intitulé Le Nœud gordien, est publié en 1838. L'une d'elles, La Femme de quarante ans, fait écho à La Femme de trente ans de Balzac, auquel Charles de Bernard est aussitôt comparé. Jules Claretie, qui apprécie ses portraits, empreints de réalisme et de naturel, et loue son style énergique et limpide, à la fois élégant et cultivé, le juge même supérieur à son mentor. En 1838, son roman Gerfaut, considéré comme son chef-d'œuvre, est couronné par l'Académie française. Il est traduit en anglais et admiré tant aux États-Unis qu'en Grande-Bretagne". Ref/ wikipédia.

C'est donc en 1833 qu' Honoré de Balzac se rend à Besançon, rue Saint Paul (actuelle rue Bersot au n°49) pour y rencontrer Charles de Bernard.

 

Honoré de Balzac. Dagérotype.

1799-1850

L'impression que lui laisse la capitale comtoise "militaire et bigote" n'est pas excellente, il écrira:

" Besançon... la ville la plus immobile de France et la plus réfractaire à l'étranger"!

Besançon.

...Mais c'est là qu'il trouvera l'inspiration pour la rédaction de son roman "Albert Savarus" paru en 1842 tout d'abord sous la forme d'un feuilleton journalistique puis d'un livre, dont il situe l'action dans les salons de l'hôtel Petremand de Valay .
 

 

 

 

Epreuve corrigée de la page de dédicace d'Albert Savarus.

Le roman "Albert Savarus":

 

"Un des plus célèbres salons de Besançon (hôtel Pétremand de Valay) est celui de Mme la baronne de Watteville. Sa fille, Philomène ( le prénom sera remplacé par Rosalie dans la deuxième édition) est l'un des meilleurs partis de la ville. Mais elle cache sous son apparence frêle « un caractère de fer ». Sa mère, elle-même, affirme qu'elle a « plus d'un Belzébuth dans sa peau ». Lors d'un dîner d'apparat chez les Watteville, l'abbé de Grancey annonce l'arrivée dans la ville d'un homme extraordinaire, un avocat aussi brillant que mystérieux. Philomène éprouve aussitôt un extraordinaire attrait pour ce personnage. Elle exerce désormais toute sa sagacité à élucubrer mille petites ruses afin de mieux connaître cet Albert Savarus. Elle pense avoir découvert le mystère de son existence lorsqu'elle lit une « nouvelle » qu'il vient de publier. Véritable « roman dans le roman », intitulée L'Ambitieux par amour, elle raconte une histoire d'amour malheureuse : le héros veut devenir l'un des hommes les plus remarquables de son pays, pour pouvoir épouser une princesse italienne dès qu'elle sera veuve. Convaincue de l'authenticité de ce récit, Philomène brûle alors d'une jalousie infernale, et déploie toute son énergie pour « arracher » Albert Savarus à « cette rivale inconnue ». Elle parvient tout d'abord à intercepter sa correspondance. La lecture de ces lettres exalte sa passion. Elle prétexte d'un procès pour introduire le jeune avocat dans le cercle de ses parents. Mais Savarus refuse de plaider pour eux, car il ménage ses ambitions politiques personnelles. Dépitée, Philomène échafaude de subtiles manoeuvres pour faire manquer son élection. Albert Savarus disparaît alors de Besançon, aussi mystérieusement qu'il y était arrivé. Et l'on découvre la tragique portée des machinations cruelles de Philomène". 

Florence TERRASSE-RIOU

Sous la plume de Balzac, une courte description de l'hôtel particulier que l'auteur nomme " hôtel de Rupt":

"L’hôtel de Rupt ne manquait pas d’une certaine splendeur digne de celle de Louis XIV, et se ressentait de la noblesse des deux familles, confondues en 1815. Il y brillait un vieux luxe qui ne se savait pas de mode. Les lustres de cristaux taillés en forme de feuilles, les lampasses, les damas, les tapis, les meubles dorés, tout était en harmonie avec les vieilles livrées et les vieux domestiques. Quoique servie dans une noire argenterie de famille, autour d’un p. 408surtout en glace orné de porcelaines de Saxe, la chère y était exquise. Les vins choisis par monsieur de Watteville, qui, pour occuper sa vie et y mettre de la diversité, s’était fait son propre sommelier, jouissaient d’une sorte de célébrité départementale. La fortune de madame de Watteville était considérable, car celle de son mari, qui consistait dans la terre des Rouxey valant environ dix mille livres de rente, ne s’augmenta d’aucun héritage. Il est inutile de faire observer que la liaison très-intime de madame de Watteville avec l’archevêque avait impatronisé chez elle les trois ou quatre abbés remarquables et spirituels de l’archevêché qui ne haïssaient point la table."

 

Voilà donc l"écheveau dévidé et  la boucle (!) bouclée! Nous voici de retour devant la Banque de France de Besançon, ancien Hôtel Petremand de Valay dessiné et construit par Colombot! Nous aurons fait un petit périple historique régional qui nous aura conduit sur les traces de l'architecte, des chanoinesses de Montigny, d'un écrivain bisontin et d'un "monument " de la littérature française, auteur de la Comédie Humaine!

Patrick Mathie

 septembre 2020

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