Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois".
Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône
Les Amis font une incursion sur les terres de Bourgogne: Salives et Bussy Rabutin.
08.06.2023
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Par Patrick Mathie
Nos villages haut saônois faisaient partie du Comté de Bourgogne avant que le Roi Soleil ne vienne les toucher de ses lumineux rayons.
La guerre de dix ans, commencée en 1635 verra l'annexion de nos contrées qu'auront précédé la destruction, les meurtres, les épidémies, la famine et toutes les exactions que commettront les mercenaires à la solde de la couronne de France! C'est dire que la rivalité "moderne" entre Bourgogne et Franche Comté était peut être moins prégnante dans les temps anciens. D'ailleurs, ne faisons nous pas partie aujourd'hui d'une même entité "Bourgogne-Franche Comté" par la volonté d'un "premier françois" nommé Hollande?
Le déplacement de la troupe des Amis en ce 6 juin- date anniversaire du débarquement de Normandie- n'avait rien de belliqueux et n'avait pour but que de découvrir un ancien village fortifié, puis le château d'un noble bourguignon, homme de guerre et de plume, qui eut maille à partir avec Louis XIV du fait de certains de ses écrits.
Le village était celui de Salives et le noble bourguignon: Roger de Bussy Rabutin.
LE VILLAGE DE SALIVES.
Situé à 45 km au nord de Dijon, le village de Salives fait partie des "Cités de Caractère". Il abrite la source de la Tille protégée par une tour carrée fortifiée. Un donjon en partie écroulé domine le village protégé par des murs d'enceintes et des tours encore bien conservés.
L'ancien donjon du château de Salives
Jean Michel Pothiat et Jean Pierre Vienney , nos guides du matin, ont présenté le village et indiqué quels liens existaient entre les seigneurs du lieu et la Haute Saône.
Jean Pierre Vienney et Jean Michel Pothiat
Documents de Jean Michel Pothiat
Les blasons de Salives
Jean Pierre Vienney met en relation le village de Salives et la ville de Vesoul dont plusieurs maires portaient le patronyme "de Salives".
Nous sommes sous le règne de Philippe III de Bourgogne qui deviendra un puissant seigneur d'occident.
Philippe III le Bon, duc de Bourgogne
L'hôtel de Salives à Veoul, ancienne Mairie.
Extrait du commentaire de Jean Pierre Vienney.
Un pigeonnier, à proximité du donjon.
Le lavoir et la source de la Tille flanqués, à gauche, d'une tour de défense du puits.
Ce bas relief enchâssé sur le linteau d'une fenêtre a laissé les visiteurs perplexes: " Quel est donc ce saint assis tenant un sceptre, deux livres, et une échelle à neuf barreaux?" Après des recherches faites au retour on découvre qu'il ne sagit pas d'un saint mais d'une déesse qui représente selon les uns la philosophie et selon d'autres l'alchimie...
Le trône et le sceptre tenu dans la main gauche représentent la souveraineté
Les livres: le livre ouvert symbolise l'exotérisme (ce qui est public), le livre fermé l'ésotérisme ( ce qui est initiatique).
L'échelle à neuf barreaux figure les étapes de la connaissance.
On est surpris d'apprendre qu'il ne s'agit en rien d'une oeuvre médiévale, mais de la reproduction d'une sculpture qui se trouve à la cathédrale Notre Dame de Paris et dont l'initiateur n'est autre que Viollet le Duc (1814-1879). Il a représente "les vertus et les vices" dans le cadre de la restauration d'un pilier.
Le Toutou, lui aussi, était un peu fatigué!
LE CHATEAU DE BUSSY RABUTIN
Après un transfert en convoi automobile les haut saônois touchaient enfin au but: le restaurant situé à proximité de l'entrée du château! Midi sonnait et les estomacs montraient des signes d'impatience...
Une partie des convives au restaurant "La Pause Rabutin".
Vue aérienne du château. A droite la ferme et les écuries devant lesquelles on aperçoit un égayoir à chevaux
Le château, situé près de Montbard, était à l'origine une forteresse médiévale construite dans un vallon au XII ème siècle. Son site défensif n'étant plus adapté à l'évolution des armes, les propriétaires, au XIV eme siècle , firent raser les murailles tout en conservant les tours et les douves et firent construire les deux ailes latérales de style renaissance. La façade centrale qui n'avait pas été érigée, faute de moyens, fut ajoutée comme liaison des constructions renaissance et achevée en 1649.
La chapelle a été aménagée dans l'une des tours.
A l'entrée, dans le salon d'honneur, les visiteurs étaient accueillis par le portrait du maître des lieux le plus connu: le comte Roger de Bussy Rabutin ( 1618-1693) Il y était représenté en homme d'arme, ainsi que par des peintures allégoriques tel le volcan, l'oiseau chantant sur un arbre symbolisant son goût de l'expression...
Le journal le Bien Public en a fait le portrait dans ses colonnes (Extrait)
Homme de guerre valeureux, libertin, il l'était certes mais il avait un autre talent: l'écriture ce qui lui valu d'être élu à l'Académie française en 1665. Son "Histoire amoureuse des Gaules" et son abondante correspondance avec plus de deux cents personnes dont sa cousine la Marquise de Sévigné, témoignent d'un talent épistolaire certain mis au service d'une vision caustique de la noblesse de l'époque. La Bastille puis l'exil sur ses terres furent ordonnés par le roi Louis XIV. D'homme de Cour il passa au rôle moins brillant de gentilhomme de province.
Portraits d'hommes de guerre.
Le cabinet de travail de Roger Rabutin dans la tour Ouest.
Fresque avec citations latines.
De haut en bas:
"Mourir doucement en amour"
"Pas assez amoureux sinon trop"
"Il déteste l'inerte"
"Mars et l'Amour"
Cette peinture dépeint assez bien la manière de vivre de Roger Bussy Rabutin: un guerrier ( Mars, dieu de la guerre) et un libertin (Amour) pour lequel la conquête d'une "maîtresse" est une élan de tous les instants qui ne s'accomode pas de l'inaction et de la défaite.
Lettre autographe de Bussy Rabutin
Livre manuscrit de "l'Histoire Amoureuse des Gaules" écrit pour divertir sa maîtresse malade Madame de Monglat, mais dont il eut l'imprudence de préter le manuscrit à une soit disante amie pendant 48 heures. Celle-ci s'empressa de le faire copier en y ajoutant des passages irrévérencieux, de le faire éditer en en Hollande et de dénoncer faussement son auteur auprès du roi.
La chambre de Bussy Rabutin. Ses meubles vendus par ses héritiers ont été remplacés par d'autres.
Portrait de sa cousine Madame de Sévigné, Marie de Rabutin-Chantal
Les Amis dans la galerie aux portraits d'hommes célèbres.
Depuis son oratoire à l'étage, le comte pouvait suivre la messe dans la chapelle.
Les cuisines transformées au 19eme siècle ont été restaurées.
L'intérieur du pigeonnier aux multiples cases
Jardins et bassins.
Découvrir, aussi, des lieux plus lointains, en approfondir quelque peu l'histoire... voilà bien un programme qui s'intègre tout à fait dans la démarche des Amis de nos vieux villages saônois.
Des remeriements particuliers à:
Christine et Didier qui ont organisé visite et repas à Bussy,
Jean Pierre et Jean Michel pour leurs commentaires à Salives.
l'Association qui a pris en charge une partie des frais de transport.
Merci Jacques! La relation entre Salives et Vesoul a été documentée par Jean Pierre VIenney qui a vécu dans la ville préfecture dans sa jeunesse, en face du tribunal. Quant à Salives c'est sur la proposition de Jean Michel Pothiat que nous nous y sommes rendus le matin! Amitiés.