Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois". Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône

LA TUILERIE JANICOT DE MONTUREUX LES GRAY.

Suite à l'article précédent consacré à la fabrication des tuiles à l'ancienne, Nelly Saugier m' a donné des informations complémentares sur la fabrication semi-industrielle des tuiles à Montureux Les Gray -Prantigny dans La tuilerie JANICOT.
Cette entreprise industrielle a fait l'objet en 2008 d'un dossier d'inventaire de la part du Patrimoine de Bourgogne Franche Comté. En voici l'essentiel:

Les installations en 2008.

La tuilerie aurait été établie en 1821 par François Bardet. Elle est achetée en 1831 par Jean-Claude Raclot, et reste dans cette famille jusqu'à son acquisition par Joseph Stanislas Vilatte en 1876.

La maison d'habitation est construite avant 1855. La matrice cadastrale signale une "augmentation de construction" achevée en 1880, vraisemblablement l'atelier de façonnage construit en retour d'angle du séchoir. A cette date, l'établissement produit annuellement 150 000 pièces.

En 1887, J.B. Garnier, exploitant de la tuilerie, installe une machine à vapeur de 6 ch pour actionner un malaxeur et une presse, ce qui permet d'atteindre une production annuelle de 400 000 pièces. Un four à chaux est édifié en 1893 au lieu-dit les Breuillets. Il sera supprimé en 1909.

En 1899, Pierre Alexandre Jeannicot rachète la tuilerie au grand séminaire de Besançon, qui en est propriétaire depuis 1892. Elle est ensuite exploitée par son fils Jean-Jules jusqu'en 1944, puis par son petit-fils Jules (devenu Janicot par transcription à l'état-civil) , qui poursuivit l'activité jusqu'à la fermeture en 1976.

Le front de taille de l'argile

La tuilerie est restée dans son état par la volonté de Guy Janicot, fils de Jules, qui y a travaillé pendant 15 ans. Dans le 3e quart du 20e siècle, la tuilerie fabrique de la brique de cloison (de 3, 5 à 18 cm d'épaisseur) et de plafond (cancalon) , de la brique de cheminée, pleine ou perforée, et de la tuile plate et mécanique. La carrière d'argile était située à 150 m au sud-ouest de la tuilerie. La terre était extraite à la pelle et à la pioche pendant l'hiver. A la fin de l'exploitation, une petite excavatrice a été utilisée. Chaque jour, 5 m3 d'argile étaient acheminés à l'atelier à l'aide de wagonnets poussés à la main. La terre était déposée dans une fosse, mouillée le cas échéant, et malaxée au pied.

Fosse de repos et de malaxage de la terre

Elle était ensuite chargée à la pelle dans un malaxeur, actionné par un moteur électrique via une transmission par courroies. La terre était ensuite chargée dans un broyeur couplé à une mouleuse-étireuse, pourvue selon les besoins d'un chariot découpeur pour tuiles ou pour briques.

Mouleuse étireuse

Les produits fabriqués séchaient à l'air libre, entre 4 et 15 jours selon l'humidité de l'air, disposés sur 20 wagonnets à plateaux.

Leur circulation était assurée par un réseau de voies Decauville de 0, 50 m d'écartement. Après séchage, les matériaux étaient empilés dans un four rectangulaire de type "à ciel ouvert", chauffé au bois. Le chargement et le défournement duraient respectivement 2 journées (de 15 heures) chacune. La cuisson des 7000 à 8000 pièces durait 3 jours et 2 nuits, avec un préchauffage de 24 h. La température atteignait 1000 à 1100 °C au bout du troisième jour.

Les fours

Trois jours de refroidissement étaient nécessaires avant le défournement. Chaque cuisson demandait de 35 à 40 stères de bois, pour fournir environ 40 t de pièces. La production était destinée aux artisans de la région (maçons, plâtriers). Les machines sont actionnées par un moteur à essence vers 1920, puis grâce à l'électricité après la Seconde Guerre mondiale.

Sole du four

Vue plongeant à l'intérieur du four.

Les différentes productions de la tuilerie Janicot: tuiles, carreaux, briques...

En 2008, l'appareil de production compte un malaxeur à axe vertical actionné par un moteur électrique Unelec-Jeumont de 15 ch ; un broyeur Dubois (Tours, 37) et une mouleuse-étireuse Brandt (Bèze, 21) , du début du 20e siècle, précédemment actionnés par un moteur électrique Millot (Arc-lès-Gray, 70) ; une presse à balancier manuelle utilisée pour le moulage des pièces fabriquées en plus petit nombre (tuiles faîtières) ; un réseau de voies Decauville avec 2 plaques tournantes du fabricant A. Pétolat (Dijon, 21) , et tout le matériel afférent (wagonnets à bennes et à plateaux, matrices pour la presse à balancier, filières pour briques et tuiles de la mouleuse-étireuse, etc.). Le four à bois n'est plus en service.

Textes et photos:  © Région Franche-Comté, Inventaire du patrimoine 

​​​​​​​

Résultat de recherche d'images pour "briques janicot" ​​​​​​​

Guy Janicot a conservé intact le patrimoine industriel familial

"Guy est le dernier à avoir travaillé dans la fabrique de son père, et se remémore avec émotion le jour où il lui a annoncé qu’il s’orientait vers un autre métier. La modernisation du métier et la pénibilité de la pratique artisanale rendaient cette décision inévitable. Depuis, de temps à autre, pour le plaisir et pour perpétuer le savoir-faire, il fait marcher sa machine et sort quelques tuiles personnalisées. Pour le mariage de son fils en septembre, chaque invité repartira avec une tuile au nom des mariés et datée. Il organise quelques visites également, parfois pour les journées du patrimoine ou les mardis du terroir. D’autres fois pour les passionnés et les scolaires.

Sûr, c’est une technique qu’il faut transmettre, et du matériel à préserver. Ce n’est pas pour rien que les locaux ont servi de décor pour le tournage d’un film documentaire sur ce corps de métier. Au XIX e siècle, la Franche Comté comptait 140 tuileries. Aujourd’hui, celle de Guy Janicot fait mesure d’exception". 2012

MATHILDE SAGAIRE
PRANTIGNY...

Non loin de la tuilerie, sur les bords de Saône, se trouvait un château dont il ne reste aujourd'hui qu'un pigeonnier et qu'une grille:

On dit qu'il aurait servi de halte à Voltaire lorsque, vers la fin de sa vie, il faisait le trajet entre son château  d"ex-exilé à Ferney en Suisse et Paris.

 

 

Patrick Mathie 20 mai 2019

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article