Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois". Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône
Lors d'une randonnée partant de COURTESOUT et GATEY nous avons rejoint la route départementale qui passe par Larret et Pierrecourt pour rejoindre la Haute Marne.
Cette route était à l'origine une voie romaine qui reliait Langres à Besançon en passant par Seveux. Au fond d'un petit vallon le hameau d'Aumonières:quelques maisons anciennes dont certaines sont habitées (3 ou 4 pas plus) mais surtout une tour entièrement emprisonnée par le lierre, accolée à un bâtiment dans le mur duquel, une haute fenêtre en ogive a été murée: c'est une ancienne commanderie du XIIème siècle construite par des religieux de l'ordre de Saint Antoine!
Le lieu dit portait autrefois le nom latin de Varcia
Des recherches documentaires nous donnent plus d'information sur ces bâtiments:
Le cadastre napoléonien de Pierrecourt:
Le bâtiment en L à gauche du mot "hameau" est constitué par l'ancienne chapelle jouxtée par une tour clocher de près de 30 mètres de hauteur. La route est dénommée "Route déa Romaina" ce qui rappelle la voie romaine qu'empruntaient les soldats romains.
Cette carte postale ancienne (1900), montre la tour-clocher à l'assaut de laquelle le lierre s'est lancé depuis longtemps déjà. Cent ans plus tard il recouvre la totalité des murs.
Fenêtre en ogive caractéristique d'un bâtiment religieux.
La tour carrée envahie par la végétation laisse apparaître un appareillage de pierre encore bien conservé depuis 10 siècles!
Cette photo des monuments historiques prise il y a quelques dizaines d'années donne une idée de la tour-clocher, des ses contreforts et des ouvertures en ogive.
"Eléments protégés MH (Monument Historique) :6 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
Quand on voit l'état actuel des ruines on se demande à quoi sert vraiment la protection des bâtiments par les services des Monuments Historiques!
Sur la façade ouest du bâtiment transformé en étable on peut voir la marque de la rosace de la chapelle et la trace du portail ( tous deux partis aux USA!)
Ci dessous, la façade originale de la chapelle,surmontée d'un clocheton, qui possède encore son porche et sa rosace. Dessin du 19 ème siècle. La tour-clocher est déjà en très mauvais état.
Document Evelyne Joly
Extraits de la thèse d'Elisabeth CLEMENTZ , Maître de conférence à l'Université de Strasbourg "La commanderie antonine d'Aumonières".
"L'abbé Roussel en 1878,indique qu'à l'origine Aumonières ( appelé Varcia sur les cartes anciennes) était une station pour les soldats romains sur la voie qui reliait Langres à Besançon en passant par Seveux. " Tout au long du Moyen Âge cette route continue à être fréquentée, entre autre à cause de foires de Champagne et des pélerinages vers Rome. Dans ce contexte l'installation d'un hôpital à Aumonières n'est pas surprenante.
L'hôpital aurait été fond" vers la fin du XIème siècle par les seigneurs de Fouvent et de Champlitte qui l'auraient cédé aux hospitaliers de Saint Antoine spécialisés dans le traitement des graves affections engendrées par l'ergot du seigle contenu dans le pain.
Malade atteint du "Mal des Ardents" peint sur le rétable d'Issenheim.
Les soins: pain de bonne qualité, potion "saint vinage"* dans laquelle avaient trempé des reliques de Saint Antoine, plantes aux effets anesthésiants et vasodilatateurs, Eau et Baume de Saint Antoine...
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Les antonins prodiguaient des soins aux malades sous forme d’un breuvage et de baumes. Les baumes étaient fabriqués à base de graisse de porc et de plantes. Le breuvage est connu, lui, sous le nom de Saint Vinage.Vinage, parce qu’il était élaboré avec du vin, provenant des vignes jouxtant l’abbaye, dans lequel étaient mises à macérer certaines plantes aux vertus reconnues. Ces plantes, au nombre de 14, étaient les suivantes : grand plantain, plantain lancéolé, coquelicot, verveine, renoncule bulbeuse, scrofulaire aquatique, ortie blanche, chiendent rampant, véronique petit-chêne, gentiane croisette, dompte-venin, trèfle blanc, souchet et épeautre.Saint, parce le breuvage était béni et mis en contact avec les reliques le jour de l’Ascension qui était celui de la grande procession de la châsse de saint Antoine.
En savoir plus : http://www.les-amis-des-antonins.com/st-antoine-et-les-antonins/lordre-des-antonins/
En 1237 et 1238 Renaud de Sartenes et Richard de Dampierre font une dotation à la maison d'Aumonières et aux pauvres due l'Hôpital Saint Antoine... Comme aux hospices de Beaune, les malades pouvaient suivre la Messe depuis leur lit.
En 1745 les religieux rappellent dans leur compte rendu, que "'on donne tous les jours aumône à plus de trente pauvres de paroisses voisines sans compter les passans".
Saint Antoine portant la cape et le bâton surmonté du"Tau"(T) emblème des Antonins. Le T est la dernière lettres de l'alphabet hébraïque qui symbolise la fin. Dessin du XVème siècle.
Armoiries de la Commanderie. Document Evelyne Joly
Les ressources sont constituées par les dotations des seigneurs, les quêtes auprès de la population, les donations des religieux de l'ordre et les fondations des Rois de France dont Louis XI.
L'engagement des Antonins a été constant au plan hospitalier et caritatif. Il est difficile d'imaginer aujourd'hui quel a été le rayonnement important d'Aumonières et de son hôpital pendant plusieurs siècles"
Au XVIIIème siècle la commanderie sera reprise par les Hospitaliers.
LES VESTIGES ACTUELS
Si l'on penèttre dans la tour par une petite porte "Entée interdite, danger"! on arrive dans une salle qui comporte une cheminée communiquant avec l'étage inférieur et l'étage extérieur. Le sol est jonché de débris provenant des morceaux de lierre qui sont tombé là depuis des lustre. La voûte est en croisée d'ogives. Le plus intéressant est ce banc en pierre,taillé dans la paroi,qui jouxte le mur est reçoit l'éclairage d'une fenêtre. On pourrait imaginé, assis là, un moine lisant son livre de prière entre le feu du foyer et l'éclat du soleil.
D'autres ont pu en voir plus en 2011:
ci dessous, 5 photos de:http://antonins.over-blog.com/
Armoiries de Guillaume de Vergy décédé en 1244 époux de Clémence de Fouvent, suzerains d'Aumonières.
Armoiries de Guillaume de Vaugelle sur lesquelles figure le "T" des Antonins. Il fut le commandeur d'Aumonières de 1436 à 1463
Fresques représentant des Angelots dans la Chapelle. 2011
Reproduction ancienne de la fresque ornant magnifiquement la Voûte de la Chapelle sous le clocher.
Les armes du commandeur Guillaume de Vaugelle figurent sur la clé de voûte. Trois des quatre quartiers de la voûte comportent des Angelots qui tiennent à la main le "Tau" symbolique ( un des angelots en tient même deux!). Le troisième en est dépourvu mais comporte un ciel d'azur constellé d'abeilles ( De double nature, du fait qu’elle fabrique le miel et qu’elle pique, l’abeille personnifie le Christ aux douces paroles ou au contraire, le Christ-Juge de la fin des temps. Elle est aussi un des symboles de la Vierge Marie ).
Documents Evelyne Joly.
ET D'AUTRES ENCORE ONT RETROUVE LA PISTE DU PORTAIL, DE LA ROSACE ET DES VITRAUX:
Dessin de l'abbé Rigny originaire de Tincey 1867
E.J.
Evelyne JOLY, avec les 2 photos transmises par le Musée de Philadelphie, nous a fait part les informations suivantes:
"Depuis la conférence à Pierrecourt de Guy Estienney sur l’abbaye d’Aumonières, nous avons enquêté sur ce qui avait pu advenir des porte, voûtes et rosace qui avaient été vendus au musée de Philadelphie.
Après plusieurs mails restés sans réponse, Marianne Zilliacus a réussi à établir un contact téléphonique, puis à obtenir deux photos que le musée a obligeamment envoyées.
Sur la première on voit la porte de l’abbaye magnifiquement préservée avec, en fond, la rosace que le musée a restaurée avec des vitraux du 13ème siècle.
Les voûtes ont été reconstituées pour en faire une jolie petite chapelle
Le petit autel complète l’ensemble mais son origine n’est pas liée au reste du bâtiment.
Merci à Marianne et au musée de Philadelphie d’avoir pu nous permettre d’apporter des précisions quant à la conservation de notre patrimoine."
Evelyne Joly
UNE CROIX SYMBOLE:
La croix en fonte a sans doute remplacé une croix en pierre qui a disparu, peut être avec le départ du portail pour les USA... elle représente deux mains serrées( foi alésée en héraldique) qui symbolisent l'homme et la foi. Elles sont surmontées par une ruche qui peut avoir deux sens: symbole de la Vierge Marie ou l'espérance. On ne saurait y voir ici un symbole franc maçon!....
Le logis de la commanderie. Propriété privée
Texte et photos 2018 Patrick MATHIE. Janvier 2018