Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois". Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône
Cadastre napoléonien de 1811 sur lequel figure la chapelle Sainte Reine. Un ermitage y est adossé. Des jardins "monastiques" son représentés ( des ermites y habitaient) ainsi qu'un verger. Le tout formait un clos dont la surface a été fortement réduite par la vente d'une partie des terrains.
Représentation de Sainte Reine.
Propriétaires et Restaurateurs de la Chapelle
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Nous sommes en 1727, Charles Gérard, seigneur de Queutrey, écrit à l’Archevêque de Besançon.
« A Monseigneur, l’illustrissime et révérendissime Archevêque de Besançon, prince du Saint Empire ou a Monseigneur mon révérend vicaire général,
Supplie humblement Charles Gérard écuyer, seigneur de Queutrey et Vauconcourt et dit :
Qu’il y a une chapelle de Dieu à l’honneur de Sainte Reine audit lieu de Queutrey dépendant de ce diocèse où il y a aussi un Hermitage et le jour de fête qui tombe de sept de décembre il y a un apport où plusieurs habitants des villages circonvoisins abondent et les marchands de toutes espèces y viennent vendre de telle façon que ce qui était une dévotion se change en une foire et comme cette chapelle est éloignée de Queutrey de 400 pas au coin d’un bois, plusieurs cabanions y viennent faire des tentes et y vendent pains, vins et viandes devant ladite chapelle.
Les marchands se mettent sous les tilleuls joignants la porte de ladite chapelle.Les charlatans s’y trouvent pour vendre leurs baumes, on y porte les moutons. Les gens de guerre qui sont en la rive, s’y trouvent et leurs désordres incommodent dès la veille où les pèlerins font défaut.
Les lendemains qui suivent la nativité de Notre Dame sont le renfort et quand le dimanche joignant il y a toujours des foires, des débauches et danses de violons et de toutes sortes de libertinages. Pendant la nuit, le village de Queutrey est rempli d’une partie des débauchés qui passent des nuits entières à boire et chanter. Les jeunes gens se trouvent toutes sortes de libertinages.
Les jurements ne sont pas oubliés, les querelles qui y sont survenues y ont attiré des batailles et des meurtres. Les larcins y sont courants et enfin on peut dire que toutes sortes de vices s’y commettent et augmentent tous les ans par la multitude de monde qui était et qui y aborde et l’on peut comparer aux désordres qui se faisaient dans le temple de Salomon dont les impiétés attireront la malédiction de Dieu.
Ce qui fait prendre la liberté au suppliant de recourir à vous Monseigneur pour vous informer de ces désordres.
A ce qui vous plaise de faire défense à tous prêtres tant réguliers que séculiers de ne venir célébrer la messe dans ladite chapelle ledit jour de sainte Reine et les autres fêtes qui suivent attendu que ces jours là il n’y a ni fondation ni donation de messes et aux frères ermites de leur fournir aucun lit ni ornement ces jours là afin d’éteindre l’habitude que plusieurs ont d’y venir entendre la sainte messe et ne l’entendent point dans leur paroisse.
Avec aussi ordonnance aux curés du voisinage d’en faire la publication. Et au cas où ce remède ne serait pas suffisant, on y ferait intervenir le bras séculier, n’entendant cependant pas empêcher la dévotion des fidèles d’aller faire leurs dévotions pour obtenir de Dieu le pardon de leurs péchés.
Le suppliant sera obligé de prier Dieu pour la conservation de Votre Grandeur.
Charles Gérard de Queutrey.
A qui il est répondu :
Vu la présente requeste, nous défendons aux frères ermites de l’Hermitage de Sainte Reine de laisser célébrer la sainte messe dans la chapelle dudit Hermitage le septième jour du mois de septembre ni pendant les huit jours suivants.
Et à tous prêtres réguliers ou séculiers de l’y célébrer. Ordonnons pareillement auxdits frères de tenir la porte de la chapelle fermée pendant tout le temps dudit jour septième de septembre et le lendemain. Chargeant messieurs les curés voisins dudit Hermitage qui auront eu part de la présente requeste ainsi que de notre appointement d’avertir les peuples qu’il ni aura ni fête ni messe audit lieu, le tout jusqu’à ce que, par nous, il en soit autrement ordonné.
A Besançon, ce 17 août 1727
Signé : HUGON, vicaire général.
On peut s’interroger : la chapelle a-t-elle vu les premières raves-parties ou les premiers apéros géants ? Finalement elle retrouvera le calme et la sérénité et puis l’oubli avant de renaître il y a une dizaine d’année seulement. E.J.
Photo Alain Mey. 2009. Journées du Patrimoine.
Photo Alain Mey. 2009. Journées du Patrimoine.
Patrick Mathie,28.11.2020
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