SAVOYEUX...le village, situé un peu à l'écart de la route reliant Besançon à Gray, se décline en trois lieux distincts: le port fluvial, la cité, le tunnel sur la Saône canalisée. Profitant d'un après midi hivernal ensoleillé j'ai enfourché "Moustache",mon fidèle destrier électrique afin de rejoindre ce lieu qui fut , semble t il habité, déjà, dans les temps très anciens. Découverte:
Après avoir quitté la route départementale on emprunte une voie goudronnée qui traverse une courte zone boisée. A l'aplomb de celle ci, à plusieurs mètres sous nos pneus de caoutchouc, on imagine "le tunnel de Savoyeux" , rectiligne,creusé sous la colline au XIX ème siècle et dans lequel s'enfoncent , en été, les bateaux de plaisance. Les passagers s'amusent à crier pour entendre l'écho de leurs voix se répercuter sous les voussures de pierre. Les péniches hâlées par des chevaux, par des vapeurs puis les automoteurs ne passent plus dans ce long boyaux éclairé désormais par des lampes à iode.
A l'entrée du village, sur la gauche, on croise le château: une entrée monumentale avec une grille en fer forgé ouvrant sur une longue allée. Les armes des propriétaires de l'époque, incluses dans les volutes de la ferronnerie ont été démontées à la révolution à la Révolution française.
L'entrée du château.
Le château de Savoyeux, vu depuis le château ruiné de Seveux, en bordure de Saône.
Vue aérienne: Flèche rouge: le château, rond bleu: l'église.
Cadastre napoléonien de 1844
Dans une des tours qui jouxte l'église un mâchicoulis garde encore la porte d'entrée...
L'église porte le nom de Saint Cyr et Sainte Julitte. Elle aurait été, en son temps, la chapelle du château.
Existence de l'église attestée dès 1103. Reconstruction du choeur et du transept aux 15e et 16e siècles. Nef et clocher réédifiés entre 1744 et 1756 sur les plans de l'architecte François Ducy.
Description
Technique du décor des immeubles par nature
Peinture
Fiche Monuments historiques.
Qui étaient Saint Cyr et Sainte Julitte?
"Selon la tradition des églises orientales, Julitte, noble chrétienne, fuyant les persécutions ordonnées par l’empereur Dioclétien (fin IIIe-début IVe siècle), quitta sa ville d’Iconium (actuelle Turquie) pour celle de Tarse où elle fut cependant arrêtée. Conduite devant le gouverneur du lieu, elle défendit sa foi, fut jetée à terre et battue à coups de nerfs de bœuf.
Son jeune fils, Cyr, proclamait sa fidélité au Christ et griffa le visage du gouverneur qui lui fracassa le crâne sur les marches de sa tribune. Refusant toujours de se soumettre, Julitte fut écorchée vive, ébouillantée, puis décapitée. Les Eglises orthodoxes célèbrent encore aujourd’hui leur mémoire, chaque 15 juillet.
Mais comment expliquer le « succès » de ces deux saints orientaux en Europe ? La plus ancienne source connue, le recueil des « Miracles de saint Cyr et sainte Julitte » composé au Xe siècle par Téterius, chanoine de la cathédrale de Nevers, situe à Auxerre les origines du culte en Europe occidentale."
Reférence: https://www.yonne.catholique.fr
Passons notre chemin...
La rue de l'Eglise,en forte pente, nous procure un point de vue sur la Saône, mais attention! les gravillons sont traîtres et mieux vaut avoir les doigts sur les freins et jouer de ceux ci avec prudenc!. On passe le presbytère,, la Mairie et les anciennes écoles...
Plan d'alignement des rues de 1847.
Rien de riant dans la grande rue: des bâtiments en ruines derniers témoins d'une activité industrielle importante dans le village: la papeterie...
Le barrage à aiguilles (neuves) fait tourner une usine hydro électrique.
"Un moulin figure sur la carte de Cassini (1760):
Carte de Cassini. Emplacement du Moulin à farine d'origine.
Incendié en 1814, il est acquis en 1817 - ainsi que le château et son domaine - par Aimé François Tramoy, propriétaire du moulin de Gray (IA00076885). Le moulin est entièrement reconstruit en 1823-1824. Il s'agit d'un bâtiment formant un fer à cheval irrégulier, sur quatre étages, et doté des derniers perfectionnements. Il est équipé de cinq roues hydrauliques mettant en jeu six paires de meules (chaque roue en actionnant deux), deux "mécaniques à nettoyer le blé avec les cribles et cylindres accessoires et une pompe rotative". Il peut produire 40 000 hl de farine par an. L'arrêté préfectoral du 30 avril 1844 autorise Tramoy à "remplacer les roues de son moulin et à modifier le mécanisme intérieur de l'usine".
Malgré un arrêté présidentiel du 6 décembre 1850 qui autorise le maintien de l'activité, le moulin est vendu en 1854 à la société Outhenin-Chalandre Fils et Cie, laquelle fait construire une papeterie, mise en service au début de l'année 1857. Le contrat passé en juillet 1855 entre la société et MM. Joffrin Antoine, et Robert, entrepreneurs carriers à Dampierre-sur-Salon, mentionne la fourniture de "matériaux en taille et moellon nécessaires à la construction de deux bâtiments annexés au moulin de Savoyeux pour le convertir en papeterie". Issu d'une famille d'imprimeurs installée à Besançon, Claude Antoine Joseph Outhenin, et son père, avaient acquis en 1834 le moulin à papier de Geneuille (25) pour le transformer en papeterie, équipée d'une machine à papier. La société Outhenin-Chalandre Fils et Cie est constituée le 1er septembre 1837. Une usine de pâte à papier est fondée à Chevroz (25) en 1846. Une troisième papeterie est fondée en 1875 à Deluz (25) , et une seconde usine de pâte à papier est implantée dans la commune voisine de Seveux en 1877 (étudiée IA70000351). Le régime hydraulique de la papeterie de Savoyeux est fixé par décret impérial le 18 mars 1857, modifié en 1868 et en 1908. La matrice cadastrale signale un agrandissement de l'usine et la construction d'un logement vers 1865, ainsi que celle d'un vaste logement ouvrier vers 1890 au centre du village. D'autre extensions sont mentionnées dans la dernière décennie du 19e siècle (hangar, scierie et forge, magasin, bureau, cheminée et bâtiment de la machine à vapeur).
L'entreprise est transformée en société anonyme en 1922. Cette année-là, les cinq usines produisent 350 t de pâte et 650 t de papier par mois. L'usine de Savoyeux produit alors du papier destiné à l'impression des "titres et des chèques, avec filigranes clairs ou ombrés et gélatinés". En 1930, la société Outhenin-Chalandre fusionne avec la société grenobloise des Papeteries de France. En 1957, l'usine produit 140 t de papier par mois, principalement du papier à lettres. Lorsque la papeterie ferme ses portes en 1975, elle produit annuellement 3000 t de papier fin et de luxe. Elle est occupée quelques années par la Papeterie de Mandeure (25) , puis jusqu'en 1998 par deux entreprises de menuiserie. Achetée par un particulier, la centrale hydroélectrique est toujours en activité. Le reste des bâtiments est aujourd'hui désaffecté, la cheminée ayant été abattue au début des années 1980. Le moulin reconstruit en 1824 est équipé de 6 tournants (paires de meules) à triple harnais, deux mécaniques à nettoyer le blé avec cribles et cylindres, et une pompe, mis en jeu par 5 roues hydrauliques. A sa mise en service, la papeterie est équipée de matériel anglais : 4 cylindres défileurs, 6 cylindres raffineurs, une machine à papier de 2, 10 m de largeur, une machine à coller à la gélatine, une sécherie et une coupeuse. L'arrêté préfectoral du 15 décembre 1856 autorise l'utilisation de deux chaudières et d'une machine à vapeur de 20 ch pour la mise en jeu de la machine à papier. Elles seront remplacées par une chaudière et une machine à vapeur de 50 ch en vertu d'un arrêté préfectoral du 16 mars 1861. Vers 1900, deux turbines développent une puissance de 350 ch. En 1918, la puissance hydraulique atteint 180 ch. La papeterie emploie 72 hommes, 70 femmes et 55 enfants en 1893, 100 ouvriers en 1960, et 53 à la fermeture en 1975".
Ref: Patrimoine de Bourgogne Franche comté. Dossiers d'inventaire.
Les logements ouvriers de nos jours. Les jardins sont toujours "en activité"
Echantillons de tissus servant à fabiquer la pâte à papier des Papeteries de France de Savoyeux.
De nos jours, les papeteries de Mandeure ont installé des bâtiments de stockage, plus haut, en bordure de la départementale.
L'ancien temps en images...
Trois personnages célèbres à Savoyeux:
Claude Flamand:
Il est né à Savoyeux en 1571. Architecte militaire on lui doit les fortifications de Verdun pour le Roi de France et celles du château de Montbéliard pour le Duc de Wurtemberg. Claude Flamand dut s'expatrier après avoir embrassé la religion réformée. Sa maison, bien que fortement remaniée, existe toujours à Savoyeux. La cave à vin est de sa main. Un "may" (ou meix=propriété) porte son nom sur le cadastre de 1844.
Document ville de Montbéliard.
Gaston Outhenin-Chalandre
Né le 24 juin 1853 à Paris, mort le 14 mai 1907 à Paris (8e).
Sénateur de la Haute-Saônede 1900 à 1907.
Propriétaire d'une importante usine de papier, agriculteur, il fut élu maire de Savoyeux en 1896 et conseiller général du canton de Dampierre en 1900. Il était président de l'union des fabricants de papier.
Le 28 janvier 1900, il se présenta aux élections sénatoriales et fut élu au second tour, par 441 voix sur 870.
Christian Bergelin:
"Ancien président du conseil général de Haute-Saône, Christian Bergelin, est mort le 26 mars, à l'âge de 62 ans. Diplômé de l'Ecole nationale des impôts, il avait repris l'entreprise familiale de transports en 1972. Conseiller municipal dès 1977 dans sa ville natale de Gray, dont il devient maire en 1995 (jusqu'en 1998), il est élu député de la première circonscription de Haute-Saône avec l'étiquette du RPR puis de l'UMP, de 1981 à 2002. Sous le gouvernement de Jacques Chirac, cet ancien champion régional de natation (100 m brasse) et de lancer du disque accède au poste de secrétaire d'Etat à la jeunesse et aux sports de 1986 à 1988. L'année suivante, il devient président du conseil général de son département, poste qu'il occupe jusqu'en 1998".
ref: Le Monde 2008
Christian Bergelin.
Nelly Saugier nous apporte les compléments d'informations suivants:
" Christian Bergelin avait acheté le presbytère à la commune ( à côté de l'église et du château) comme résidence secondaire car il avait un appartement à Gray place de la poste.Il a fini sa vie à Savoyeux , Jeanne aussi et ils sont enterrés au cimetière local..."
"Christian Bergelin était né en 1945 ( c'était mon conscrit et notre Ami ( mon mari était son copain d'enfance, du lycée Cournot à Gray, de St Jo à Dijon etc...).
Il n'était pas propriétaire du château de Savoyeux, c'était Mr Simonin ( Directeur des papeteries) le père de Jeanne , son épouse qui y a vécu avec ses frères! Ce sont 2 de ceux-ci qui en sont propriétaires aujourd'hui dont le Dr Simonin chirurgien bisontin très réputé (qui m'a opérée à 18 ans à la clinique des 2 Princesses!) aujourd'hui en retraite à l'EPHAD du Rocher à Gray: un grand Monsieur adorable! "
Merci à elle!
Sur le chemin du retour
L'accès au tunnel de Savoyeux.
Le tunnel en été.
Le port fluvial endormi et les bords de Saône animés l!
Le port de Savoyeux-Seveux au temps du halage.
Sur les bords de Saône...à VTT
"Quand le soleil à l'horizon
Profilait sur tous les buissons
Nos silhouettes
On revenait fourbus contents
Le coeur un peu vague pourtant
De n'être pas seul un instant
Avec Paulette..."
Il est temps de prendre le chemin du retour, alors que le soleil décline. Un coup d'oeil au tunnel et au port où les bateaux de plaisance somnolent en attendant des jours meilleurs... Le chemin de halage surélevé nous offre son agréable ruban bitumé propice à de fulgurantes accélérations!
Bonjour, et merci pour cet intéressant article sur Savoyeux. Par contre, pourriez-vous revoir certains textes svp, car ils sont noirs sur fond sombre. Donc, la lecture n'est pas aisée. Merci et à bientôt.