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Association " Les Amis de nos Vieux Villages Haut Saonois". Recherche et communication sur le Patrimoine des villages de Haute Saône

LA CANICULE DE L'ETE 1911 FAIT 40 000 MORTS !

Près de 40 degrés à l'ombre en ce mercredi 24 juillet et demain ça sera encore pire nous disent les météorologistes! 
Alors que l'année 1910 fut célèbre pour ses pluies diluviennes, ses inondations et ses frimas, 1911 fut une année caniculaire qui fit 40 000 morts en France ( ce n'est "rien" comparé aux 400 000 décès de 1719!).
Effectuons un petit retour en arrière sur cette année particulièrement meurtrière du fait de la chaleur, qui pesa sur la France pendant 70 jours. La Haute Saône ne fut pas épargnée!

 

Août 1911 : après une brève accalmie, la chaleur frappe de nouveau
Sous le pseudonyme du Diable boiteux, un chroniqueur du journal Gil Blas moque les météorologistes dans le numéro du 10 août :

Dire que dans le mot température, il y a le mot tempéré ! Ceci est d’une philologie assez douteuse et je pense bien que M. Brunot me ferait un cours de plusieurs quarts d’heure, qui tournerait à ma confusion de pauvre diable ! Mais il fait si chaud depuis deux jours !

D’ailleurs, ce qui n’est pas gai, c’est que les météorologistes officiels annoncent une baisse sensible de la pression barométrique. Et v’lan, nous sommes bons pour une nouvelle vague de chaleur puisque ces messieurs — qui ne .sont jamais trompés ! à condition qu’on prenne le contrepied de leurs prédictions — nous font espérer la fraîcheur !

Sur le boulevard, hier, le thermomètre marquait à midi, exactement 47 degrés. À trois heures, il n’y en avait plus que 37. C’est plutôt suffisant, n’est-il pas vrai ?

On arrose les chevaux!

Août 1911 : l’un des mois les plus chauds de l’Histoire, notamment à Paris
En ce mois d’août 1911, les températures sont supérieures à 30° C pendant 14 jours consécutifs. Des records sont battus, et l’académicien Jules Claretie y va de son article au sujet de la canicule telle qu’on la vit à Paris, dans le numéro du 20 août 1911 des Annales politiques et littéraires :

"C’est une gloire comme une autre pour nos contemporains d’avoir « vécu » la plus chaude journée du siècle. Le malheur est qu’un certain nombre de braves gens en sont morts. Mais la vie est une bataille ; elle était même une mêlée féroce avant Darwin, et lorsque les hommes ne se chargent pas de la rendre meurtrière, les éléments y mettent leurs soins. Dame Nature est ironique et se moque des créatures. Elle les gèle en hiver, elle les étouffe en été. C’est une mère qui tourne facilement à la marâtre. Barbey d’Aurevilly, qui aimait ce vieux mot, eût dit volontiers : « C’est une « bourrelle ».

Donc nous avons eu — et nous aurons peut-être encore — une température de Sénégal. Les Sénégalais ont sur nous cet avantage qu’ils y sont accoutumés. Ils bravent la chaleur en faisant la sieste. Ils ne luttent pas avec le soleil. Ils s’étendent à l’ombre des grandes feuilles formant parasol et dorment. Hélas ! les Sénégalais d’Europe (j’entends, pour ne parler que de nous, les Parisiens condamnés à la température sénégalaise) ne peuvent pas jouir du repos que trouvent tout naturellement les bons nègres. La vie, telle qu’ils la pratiquent, le leur interdit. Condamnés à la tâche quotidienne, il leur faut travailler, travailler sans cesse, et l’élévation de la température n’aurait pour résultat, si les travailleurs s’« écoutaient », comme on dit, que la diminution des salaires. Nous avons beau traverser les plus chaudes journées du siècle, les devoirs de chaque jour n’en sont pas moins exactement les mêmes, et, quelque brûlée du soleil qu’elle soit, roussie, rissolée et rôtie, il faut que la Terre tourne et que ceux qui la cultivent travaillent.

Ce qui me paraît assez narquois dans les journaux qui donnent volontiers des conseils aux gens — conseils politiques ou conseils pratiques, au choix —, c’est le commandement formel que dictent au public les docteurs d’occasion pour la « traversée » de ces heures de chaleur torride :

 

Avis important. — Il est plusieurs moyens d’éviter l’insolation. Le plus sûr est de rester bien tranquille chez soi pendant la journée et de ne sortir que le soir.

Rien de plus simple, en effet. Il fait chaud : faites la sieste. L’atmosphère est étouffante : prenez du repos. Ne vous chagrinez pas, ne vous préoccupez pas, ne vous surmenez pas. La prescription me rappelle le conseil souriant que donnent volontiers les sages, proches parents des indifférents, aux gens qui ont quelque gros souci en tête ou quelque lourde tâche à accomplir : « Mais pourquoi y attacher tant d’importance ? Prenez le temps comme il vient et les choses comme elles sont ! »

Imaginez un pauvre diable d’ouvrier lisant, le matin, le conseil en question, à l’heure où il lui faut aller tourner sa machine ou se courber sur l’établi : « Ne sortir que le soir ! » Eh ! sans doute, et prendre le frais au Bois, ou encore respirer à l’aise en se promenant doucement sous les platanes du boulevard Haussmann ! Attendre que la chaleur soit tombée et qu’il ne reste dans Paris qu’un peu de poussière, l’air du soir et la clarté des étoiles." source: Internet.

 

Les fontaines Wallace sont prises d'assaut !

Accablé par la chaleur,un chauffeur de taxi parisien fait la sieste!

Les dames  souffrent elles aussi avec leurs tenues peu légères!

A Aulnay sous Bois, le canal devient piscine...pour les garçons!

 

Et en Haute Saône?... Le journal Le REVEIL se fait l'écho des événements liés à ce phénomène naturel en juillet et août 1911:

Bêtes et gens souffrent!

En Allemagne...

...et aux USA, aussi!

Le Maire de Luxeuil prolonge l'ouverture des sources thermales au public.

Les trains des CFV à voie métrique déraillent du fait de la dilatation des rails!

so british!

La chaleur énerve les 15 000*!

* Les 15 000:  En novembre 1906, est votée l'augmentation de l'indemnité parlementaire qui passe de 9 000 à 15 000 francs. L'événement sans grandeur législative, déclenche pourtant, sous l'effet de campagnes de presse, les passions : il peut être analysé comme un moment capital du processus de professionalisation politique, c'est-à-dire un de ces moments où le processus social long et diffus de remplacement des notables par les entrepreneurs politiques est soudain révélé, et se prête donc particulièrement à l'analyse. Faire de la profession politique une activité rémunérée à plein temps : la revendication est dénoncée comme «corporatiste» par certains, jugée inavouable pour nombre de députés quitenteront de la légitimer tout à la fois comme condition de la démocratie et comme garantie de la compétence de l'élu".

Accueil froid du Ministre Couyba à Gray "malgré les 35° de chaleur"!

En cet été 2019, comme le disait le rédacteur du Réveil il y a 100 ans: "les nuits s'allongent", alors..."patientons"!

Patrick Mathie, 24 juillet 2019

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D
Très instructif, merci Patrick.
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C
Merci, bonne rubrique.
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E
la chaleur n'arrête pas tes recherches ! article passionnant comme tous ceux que tu fais, merci et bravo
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P
Il faut parfois "coller " à l"actualité....du passé!